Le mouroir de Dolly.

Regarde-moi.

mercredi 26 février 2014 à 19h56

Un bruissement léger, presque imperceptible, qui dans le silence, résonnait avec force. Je fermais les yeux, les ombres dansaient devant mes paupières. Comme paralysée, je demeurais étendue, immobile. Le chaos de mes pensées complétait parfaitement mon apparente tranquillité.

J’étais seule.

Au loin des rires d’enfants faisaient écho à la chute vaporeuse de la neige. Des familles, heureuses. Et moi seule dans cette pièce, seule dans mon cœur. Une main crispée sur ma poitrine, je tentais vainement de me préserver de la douleur du temps qui passe. Du temps qui tue. Je songeais aux choses dites, aux choses tues. A l’existence, au néant. Et surtout au fait que je voulais faire quelque chose de ma vie. Je voulais aider, donner, offrir. Créer, inventer. Animée des meilleures intentions, j’étais décidée à changer les choses. Moi, volontaire et décidée. Moi, immobile dans mes draps défaits.

Puis un jour, je me suis levée.

J’ai attrapé ma veste, mes bottes, et je suis sortie. Dehors, tout était blanc, immaculé. A l’intérieur, c’était mon être entier qui hurlait. Je me suis mise à courir. D’abord lentement, puis de plus en plus vite. Une flaque d’eau m’éclaboussa, mais cela m’importait peu. Rien n’avait d’importance. Rien ne comptait plus, car tu n’étais pas là. Un gémissement de douleur monta jusqu’à exploser en un cri furieux. Je glissais et tombais dans la neige. Le rouge de mes cheveux tranchait avec la pureté du blanc et je me souvins. Encore le même souvenir, la même angoisse, l’ultime phobie. Mon esprit se braqua, furieux de l’intrusion spontanée dont il était la victime. Dans un état d’angoisse avoisinant la folie, je me roulais sur le sol en espérant disparaître. Heureusement que tu n’étais pas là.

Lorsque le calme revint, je retrouvais ma position léthargique.

Je repris une profonde inspiration en songeant au bonheur de te connaître. En me relevant pour reprendre le chemin du retour, je pris conscience de l’état désastreux de mon âme. Mon corps reflétait-il toute cette détresse ? Décidée, j’entamais le chemin du retour. Songeant aux malheurs de ce monde, je pris la résolution de faire au mieux pour aider. Femmes, enfants, mendiants, mourants. Comment une humanité si nombreuse pouvait-elle supporter tant d’injustice ? Pauvres et riches, malheureux ou heureux, à quoi cela tenait-il ? J’allais faire quelque chose oui. Enfin, j’allais me rendre utile. Le sourire reparût sur mes lèvres gelées.

A mi-chemin, je m’arrêtais. Sans un mot, je pris appui sur une branche et me mit à pleurer.