L’autre soir, cherchant avidement à raviver la flamme perdue de l’inspiration, je me replongeais avec délectation dans la lecture de L. C’est du moins ce que j’avais escompté, avant de me trouver mortifiée par une réalité froide et glaçante. Comment un ouvrage qui avait été une si grande révélation, une passion aussi dévorante, avait pu devenir un objet d’une telle atrocité ?
Insupportable, cette magie qui cessait d’opérer, se refusait à elle-même.
La poésie d’antan devenue vulgarité.
La subtilité rendue au paroxysme de la perversion.
J’étais stupéfaite.
Le silence régnait en maître sur ma vie.
Le matin en me levant, il se faisait timide face à mes sens en éveil. Mais lentement, insidieusement, il s’insinuait partout jusqu’à déborder.
Mon coeur bat douloureusement dans ma poitrine et ma main est crispée autour du stylo qu’elle emploie. Se remettre à écrire après tant d’années est la preuve accablante de mon échec. Ceux qui s’en réjouiront n’auront pas compris que chaque mot se paye par la douleur et la souffrance. J’ai beau me battre contre mes démons, c’est moi-même qu’il me faut affronter à chaque fois. Et c’est insupportable.
Je crève de me mépriser, et de me haïr. Cela m’épuise aussi bien moralement que physiquement. Je rebascule dans ce shéma horrifique où je n’ai plus de désirs, plus d’envies, plus rien d’autre que ce besoin impérieux d’être sauvée. Alors je m’enferme toujours plus pour ne rien laisser paraître, et l’étau du silence se referme sur moi. Je ne le supporte plus.
Autrefois il me suffisait d’étouffer mes pleurs en silence avant de m’enfuir dans le monde des rêves pour que tout s’arrange. A présent, mes larmes s’accompagnent de spasmes et de tremblements violents et mes rêves sont morts. Ces épisodes qui ne duraient que quelques heures auparavant durent désormais des jours entiers, des semaines parfois. Je ne sais plus quoi faire.
Dans mes moments de "crise", je me sens tellement vide, tellement rien, que je serais capable de faire n’importe quoi pour me réveiller de ma torpeur. Je crains le jour où je ne saurai plus m’arrêter à temps.
Je suis fatiguée d’être mon propre fardeau, fatiguée de ces chaînes qui m’entravent. Je refuse de consulter car j’ai bien trop peur de mettre des mots sur ce qui m’étouffe. Je ne veux pas entendre que je suis malade. Je ne veux pas prendre de médicaments. Je ne veux pas me voir telle que je suis.
Dolly
]]>Plus rien n’a de sens et le soleil a perdu toute emprise sur moi. Seule, toujours, je demeure. Je suis étrangère aux bruits extérieurs qui ne savent plus me blesser. Mon propre écho est le plus douloureux, le plus sensible. Je marche quelques instants quand subitement l’étau se referme sur ma gorge. Je suffoque, j’étouffe dans mon propre corps. Je suis mon propre ennemi, je voudrais sortir de cette chair qui me blesse, de toutes ces émotions négatives qui me tiraillent. Je me sens si seule. Je n’ai plus goût à rien, et vivre m’apparaît soudain comme un concept dénué de sens et de saveur. Pourtant cette fois, je crois que je pourrais m’en sortir si seulement tu posais les yeux sur moi. Mais tu me regardes sans me voir. Je ne suis plus qu’une ombre, le souvenir d’un bonheur passé. J’ai l’impression de vivre le début d’une rupture longue et douloureuse. Ne t’avais-je pas prévenu ? J’ai peur de l’abandon plus que de toute autre chose en ce monde. Et aujourd’hui, j’ai le sentiment que tu m’as abandonnée. La mélodie se rejoue sans cesse, les sanglots s’étrennent et c’est au moment où je pense que la parole va me sauver qu’elle m’enferme entre les murs de ton indifférence. Voilà, j’ai joué et j’ai perdu. J’ai goûté chaque promesse, chaque caresse, chaque mot doux. A présent, le destin me les reprend en se moquant de mes espérances vaines. "Regarde-toi, tu es pitoyable. Pas étonnant qu’il trouve le bonheur dans la fuite".
Je suis magie effondrée, les douze coups de minuits qui évaporent l’enchantement et révèlent les haillons. Je me sens si sale, si laide, si vide. Je retourne progressivement à cet état d’antan où je voulais disparaître. Mais la colère s’ajoute à présent à ma peine. Tu étais le seul à pouvoir me sauver et tu as ignoré mes cris. Comme eux, comme les autres. Et je saigne plus que jamais car je t’ai pourtant tout donné sans réserve. Tu connais mes plus grandes failles même si tu as toujours pris soin de ne jamais m’en parler. J’ai l’impression de te faire honte. Je voulais simplement que l’on se tienne la main pour toujours. Je voulais être la première. Je voulais être aimée mais je ne rencontre que le vide. Vais-je donc m’écrouler pour de bon ? La fuite m’obsède. Je voudrais partir loin et que pour une fois l’on vienne me chercher. Que la porte ne claque pas. Que je ne rencontre pas le mépris et l’indifférence coutumiers. Que je me mette réellement à compter pour quelqu’un.
Un jour ce sera ton tour de rentrer et de te retrouver face au vide. Il n’y aura plus de bruits, plus de rires ou de pleurs. Juste l’écho de tes pas dans le silence. Je ne t’attendrai plus.
]]>
Perdue. Nuage flottant dans l’horizon lointain à la recherche d’un lendemain. Je ne sais plus qui je suis ni où je vais. J’ai froid constamment, le soleil me fait frissonner lorsque ses rayons transpercent ma peau sans la toucher. Parfois, je pose ma main sur ma poitrine pour vérifier que mon coeur bat encore. Alors pourquoi, pourquoi ai-je cette impression d’être morte à l’intérieur ? Depuis des mois je respire sans vivre. Chaque pas me semble une épreuve, chaque lendemain un défi. Je pleure en silence au creux de mon âme, ma dernière amie. Ma meilleure ennemie. Où sont passés ces jours d’antan où le bonheur me submergeait ? Aujourd’hui les miroirs me renvoient le vide derrière des paupières trop lourdes. Je cours alors que mes genoux ne me portent plus. Je rampe, je m’écroule. Je suis absence. Je suis néant. Plus de souvenirs, un passé qui s’écroule et des lambeaux d’existence qui s’éparpillent. Je ne lis plus. Je n’écris plus. Mon existence est tournée vers un peut-être qui joue de sa demi-mesure pour me torturer. Chaque fois que je croise mon propre regard, j’ai envie de pleurer. Je ne reconnais plus cette inconnue qui me fixe de ses yeux sans âme. J’ai la sensation que, si je l’observe assez longtemps, elle finira par fondre et disparaître. Comme tous ces gens qui ont traversé son existence et ont disparu.
Depuis combien de temps es-tu parti ? Quelques mois, presque un an. Une éternité. J’ai perdu mes repères lorsque ton image est sortie de mon paysage. Aujourd’hui j’erre à la recherche d’une présence qui n’est plus. Tes caresses sont l’écho fantôme d’un passé merveilleux qui s’est évaporé. Me souvenir me fait mal alors je me réfugie dans mon amnésie, toujours présente, toujours fidèle. Le seras-tu ? M’attendras-tu ? Combien de temps encore m’aimeras-tu avant d’effacer mon visage de ton esprit ? Tant de questions qui me rongent alors que ton absence s’insinue partout, dans les moindres recoins de chaque pièce. A chaque retrouvaille tu ne cesses de m’échapper. Parfois il m’arrive d’avoir envie de tout arrêter. Lorsque la douleur me paralyse, que respirer devient douloureux, je voudrais faire une pause. Te dire que c’est fini. Que je ne tiendrai pas encore deux ans. Que je me sens si seule, abandonnée, perdue. Mais où irai-je sans toi ? Que ferai-je de mes bras ? Je t’aime si fort que je n’ai pas le courage de partir. Je ne veux pas partir. Rester et souffrir. Partir et souffrir. Il n’y a pas d’issue. Si seulement j’avais la certitude que toute cette peine sera récompensée. Que nous serons enfin réunis, pour de bon. Que tu tiendras ma main pour toujours. Mais je ne sais pas. J’ai peur, comme autrefois. Ne m’abandonne pas.
Un soupir plus qu’un rire et davantage je plonge dans cet univers qui est le mien. Si l’enfer est réellement une impasse aux portes closes que l’on m’y emporte pour toujours et que je n’en revienne jamais. Triste goût pour l’obscur qui n’est pas réellement malheureux. Peut-être m’était-il trop dur d’apprendre à vivre ou ne savais-je pas assez combien il était dur de sombrer. Vous a-t-on déjà offert ce cœur immaculé trop pur pour vos mains noires ? Des miennes coulaient les plaies béantes et affreuses d’un monde en perdition et quelle merveille cela pouvait être ! La délectation ultime aux portes de l’affreux et du grotesque. La décadence ne me sied-t-elle si bien qu’elle transforme mes lèvres en épines d’où sortent les épanchements les plus laids et les plus exquis. Mon cœur est enfermé dans une petite boite en bois d’if qui menace à tout instant de s’embraser. J’ai prévu de l’ensevelir sous la majesté d’un camphrier, cet arbre en tout point mon ami bienveillant et majestueux. Chaque fois qu’il m’arrive de rire, je pleure du plus profond de mon âme sur ce moi à demi gâché par un corps en lambeaux. L’enfance aux terribles échos qui résonnent ressort par tous les pores de ma peau comme le secret trop longtemps conservé et que l’on ne parvient plus à dissimuler.
]]>Une minute de silence qui se transforme en jours, en semaines, en mois. Mon sourire est fendu et laisse apparaître la plaie qui parcoure mon être. Tristesse.
On croît parfois oublier et tout finit par ressurgir. On pense parfois se souvenir pour toujours et le temps estompe les gestes et les mots. La vie est un entre - deux perdu à mi-chemin entre déni de soi et désir du néant. Un vide béant dans l’âme permet de s’ôter toute sensation ou sentiment.
Il était une fois une enfant muette au milieu du chaos de sa jeunesse bafouée. Mutilée de l’intérieur, le sang s’échappe par tous les pores de sa peau et glisse, s’écrase sur le blanc immaculé. Elle voudrait courir, s’enfuir mais ses jambes ne la portent plus. Elle ne comprend pas, ne comprendra jamais. Par honte ou par crainte, son esprit se ferme, comme le cachet de cire brûlant sur le papier froid. Sur un corps coupé en deux, coupé du monde extérieur et de ses bruits qui la blessent.
Où aller désormais ? Vers qui trouver une main douce et réconfortante ?
Personne. Plus de contact, plus de sensations. Elle voudrait bien mourir mais n’est pas sûre de ce que cela signifie. Au moins elle serait loin. Elle n’aurait pas à retourner en enfer. Mais il faut lutter, il faut vivre. Maman ne le supporterait pas n’est-ce pas ? Maman ne doit jamais savoir.
Dix-sept ans d’agonie pour vingt ans de vie. Insomnie. Amnésie. Hérésie. Et cette fêlure ancrée comme pour figer à jamais la différence. Ce vitriol en lettres de sang sur le corps nu d’une enfant.
]]>Le silence de la non-présence règne sur cette pièce dans laquelle je demeurais seule hier et demeurerai seule demain. Mais le pire peut-être est de savoir que tu es tout près et que tu ne viendras pas. J’admets avoir été naïve de croire promesses et belles paroles pour finalement être déçue. Oui, même toi tu m’as déçu. Fatiguée de mener, fatiguée de faire face seule à l’adversité, je ne demandais pourtant pas grand chose. Je voulais enfin être celle à qui l’on tient la main plutôt que celle qui tient. Celle qui compte d’abord plutôt que le deuxième choix. Est-il égoïste de vouloir être la première en tout et pour tout dans la vie d’une seule personne ? Je voulais que tu m’aimes assez pour connaître cela. Mais aujourd’hui, l’incertitude me ronge, la tristesse me submerge. Je suis seule, une fois de plus. Seule avec mon chagrin, mes cauchemars et mon amertume. Je voudrais crier, pleurer mais à quoi bon ? Tu n’es pas là. Pas plus que tu ne le seras demain. Tu évolues dans le monde qui est le tien au gré de tes plaisirs et de tes sentiments. As-tu seulement conscience de jouer avec les miens ? Je n’en peux plus de t’attendre, d’espérer que tu veuilles de moi autant que je veux de toi, que nous partagions, que nous voyagions. J’en ai assez d’attendre ce qui n’arrivera jamais. J’ai l’impression parfois de n’être que le pantin de tes envies. Aujourd’hui je suis vide et malgré cela les larmes sur mes joues ne tarissent pas. Sûrement ce mépris de moi-même revenant me hanter et me disant : "Tu vois qu’il ne fallait pas s’attacher ! Regarde, oui regarde-toi maintenant !".
Ridicule. Voilà ce que je suis. Tout donner, tout confier jusqu’aux secrets les plus enfouis et pour quoi ? Pour rien. Toujours seule avec les mêmes démons que l’on ignore, la même solitude qui ronge, la même angoisse qui tord le ventre et qui comprime les poumons. Je t’attendais mais tu n’es pas revenu. Tu reviendras mais t’attendrai-je encore ? Rien que l’idée de quitter ton monde me rend malade et pourtant y demeurer me rend malheureuse. Tes paroles résonnaient comme une promesse à laquelle je voulais croire. Aujourd’hui elles sont des cendres dans ma bouche, des larmes sur mes joues, un poids sur mon coeur.
Tu ne viendras pas. Tu ne viendras pas. Tu ne viendras pas.
Dis-moi quelle est ma place dans ton coeur ? Où puis-je me situer ? Tu dis que je suis la première mais tes gestes démentent tes paroles. Tu promets tout, tu ne donnes rien. Et moi je demeure, seule. Le jour. La nuit. Pour quelques kilomètres que tu ne franchiras pas. Pour un message que tu ne m’enverras pas.
J’ai mal. Mon passé me fait mal. Le sais-tu ? Mon présent me fait mal. L’ignores-tu ?
Je cours et je trébuche mais tes bras ne sont pas là pour m’accueillir. Je tombe et m’écorche les genoux comme avant. Je suis toujours Dolly, moins jeune mais toute aussi meurtrie. Les bras sont toujours des mirages, les bouches toujours des poisons sur lesquelles s’épanchent les paroles les plus douces et les plus belles. Celles qui viennent te cueillir au creux de l’âme et te tordent le coeur jusqu’à-ce qu’il n’en reste que des lambeaux et des cendres.
]]>
Ne doute plus. Si elle a envahi tes pensées, ne doute plus. Si loin d’elle tout te paraît triste et gris, ne doute plus. Cours vers elle les bras tendus, le coeur joyeux et débordant d’amour. Dit-lui que tu l’aimes, dit-le lui jusqu’à-ce qu’elle chancelle de bonheur. Serre-la contre toi, écoute-la se confier. Sèche ses larmes et protège-la. Oui, protège-la.
Dans la brume naissante, je cours. Les heures, les jours, les années s’écoulent, je cours. Je fuis. Je fuis les ombres, le passé, le silence. Je m’assoie. L’homme derrière le bureau réajuste ses lunettes. - Pensez à un paysage. Ce paysage vous effraie. Décrivez-le moi. Un regard vide pour une âme trop pleine. Respiration. Silence. Respiration. - Tout semble trop grand. Oui, l’espace semble démesurément grand. Je vois une cour de récréation sous un ciel gris. Il fait sombre, un milieu d’après-midi hivernal. Une balançoire, un tourniquet… Les objets se meuvent dans un bruit rouillé, familier. Il y a des cris d’enfants mais l’espace est désert. Le vent s’engouffre partout. - Qu’est-ce qui vous effraie ? - Tout. La respiration est faible, inaudible. Il faut se contrôler. - Vous êtes au milieu de cette cour. Comment vous sentez-vous ? - Scindée en deux. - En deux, dites-vous ? - Oui, mon corps a disparu mais mon esprit demeure. - Quel âge avez-vous ? - Trois ans. Trois ans et la vie devant moi. - Racontez-moi la suite de l’histoire. - Je vais baisser les yeux et m’apercevoir qu’à cause de ma punition injuste j’ai des pantoufles aux pieds. Alors je vais retourner dans le couloir chercher mes chaussures. - Et ensuite ? - Il n’y a pas de suite. Le mystère reste entier. Le secret est enfoui à tout jamais entre ces murs. - Et selon vous, quelle est la fin ? - Je ne suis jamais sortie du couloir.
Berce-la pour l’endormir, rassure-la quand elle a peur. Poupée de givre aux yeux de feu, tes aiguilles t’empêchent de marcher. Plus tu en rêve, plus tu t’écroules. Tu n’étais pas faite pour la vie mais la vie s’accrochait. Ton monde n’a jamais été bleu, innocent et pur. Le rouge est partout dans tes souvenirs et des souvenirs tu en as si peu. Tu inspires un grand coup et tu t’étouffes de douleur. C’est cruel mais nécessaire. C’était toi Lolita, malheureuse et nue. C’était toi dans la forêt, conversant avec le Loup. C’était toi dans la pièce au milieu des cadavres. Tu étais ce rien que l’on retrouvait partout. Entends mon rire qui pleure.
Aimer n’est jamais simple, mais la perte d’un être cher est une déchirure. Un manque, une plaie béante au cœur. Et parfois, même longtemps après, on continue à s’accrocher à cette parcelle de vie qui nous faisait nous sentir meilleur et illuminait notre vie. Mais être hanté par un souvenir n’est-ce pas plus terrible encore que la mort elle-même ? Se raccrocher au passé est inutile car l’on ne peut vivre de ce qui est mort. Il faut aller de l’avant, toujours. Avec ce même désir d’avancer. Doit-on pour autant renier le passé ? Bien sûr que non, ce serait de plus impossible. Il faut le garder précieusement sous le coude, comme le point de départ, la consolation dans les moments de tristesse et la rage de vaincre dans la faiblesse. Mais regarder toujours vers l’arrière c’est comme regarder perpétuellement un miroir qui nous donne à voir les choses comme nous aimerions qu’elles soient, et non comme elles sont réellement. C’est vicieux, ça nous mange de l’intérieur mais jamais ça n’apporte le bonheur. La vie est ainsi faite de pertes, de choix douloureux, de serments brisés, de mots oubliés. Mais la souffrance n’est-elle pas la condition ultime du bonheur ? Car il n’y a pas de vie heureuse, seulement des moments heureux, comme il n’y a pas de malheur perpétuel et continu. Ce qui a compté comptera toujours. Chaque épreuve traversée, chaque étape franchie, sont autant de piliers pour l’avenir. Il ne faut pas craindre les larmes car elles sont le ciment de l’âme. Laissons-les couler et forger ce que nous serons, nous rendre plus fort, plus alerte. Le vent peut bien souffler et balayer notre vie du jour au lendemain sans crier gare et ce ne sont plus des larmes qui restent alors, ni même des souvenirs. Mais le vide. Ce vide béant qui absorbe l’âme, le corps et ne laisse plus rien. Le moi triste peut toujours se relever pour des lendemains qui chantent. Mais le moi perdu dans le néant, le moi détruit, le moi disparu, envolé, que lui reste-t-il du bonheur ? Parfois il faut savoir donner pour recevoir. Parfois il faut savoir perdre pour gagner. Parfois des gens passent dans notre vie et créent des choses qu’ils détruiront plus tard. Ces gens-là nous font grandir, remercions-les pour cela. Quant aux autres, ceux qui resteront pour toujours, nous les rencontrons au fur et à mesure que nous avançons dans la vie. Nous ne pouvons pas les manquer ni même les perdre. Mais nous ne pouvons les connaître qu’en vivant, en riant, en étant nous-même et surtout, en regardant toujours vers l’avenir. Toujours devant.
N’oublie pas de vivre.
]]>Un bruissement léger, presque imperceptible, qui dans le silence, résonnait avec force. Je fermais les yeux, les ombres dansaient devant mes paupières. Comme paralysée, je demeurais étendue, immobile. Le chaos de mes pensées complétait parfaitement mon apparente tranquillité.
J’étais seule.
Au loin des rires d’enfants faisaient écho à la chute vaporeuse de la neige. Des familles, heureuses. Et moi seule dans cette pièce, seule dans mon cœur. Une main crispée sur ma poitrine, je tentais vainement de me préserver de la douleur du temps qui passe. Du temps qui tue. Je songeais aux choses dites, aux choses tues. A l’existence, au néant. Et surtout au fait que je voulais faire quelque chose de ma vie. Je voulais aider, donner, offrir. Créer, inventer. Animée des meilleures intentions, j’étais décidée à changer les choses. Moi, volontaire et décidée. Moi, immobile dans mes draps défaits.
Puis un jour, je me suis levée.
J’ai attrapé ma veste, mes bottes, et je suis sortie. Dehors, tout était blanc, immaculé. A l’intérieur, c’était mon être entier qui hurlait. Je me suis mise à courir. D’abord lentement, puis de plus en plus vite. Une flaque d’eau m’éclaboussa, mais cela m’importait peu. Rien n’avait d’importance. Rien ne comptait plus, car tu n’étais pas là. Un gémissement de douleur monta jusqu’à exploser en un cri furieux. Je glissais et tombais dans la neige. Le rouge de mes cheveux tranchait avec la pureté du blanc et je me souvins. Encore le même souvenir, la même angoisse, l’ultime phobie. Mon esprit se braqua, furieux de l’intrusion spontanée dont il était la victime. Dans un état d’angoisse avoisinant la folie, je me roulais sur le sol en espérant disparaître. Heureusement que tu n’étais pas là.
Lorsque le calme revint, je retrouvais ma position léthargique.
Je repris une profonde inspiration en songeant au bonheur de te connaître. En me relevant pour reprendre le chemin du retour, je pris conscience de l’état désastreux de mon âme. Mon corps reflétait-il toute cette détresse ? Décidée, j’entamais le chemin du retour. Songeant aux malheurs de ce monde, je pris la résolution de faire au mieux pour aider. Femmes, enfants, mendiants, mourants. Comment une humanité si nombreuse pouvait-elle supporter tant d’injustice ? Pauvres et riches, malheureux ou heureux, à quoi cela tenait-il ? J’allais faire quelque chose oui. Enfin, j’allais me rendre utile. Le sourire reparût sur mes lèvres gelées.
A mi-chemin, je m’arrêtais. Sans un mot, je pris appui sur une branche et me mit à pleurer.
]]>Il est là. Il s’approche. Il n’est plus qu’une ombre, l’homme au masque qui rit. Il tourne dans un sens, dans l’autre. Puis il s’arrête, décidé. Il s’avance, se penche. Petite taille. Petite fille. Il tend la main, effleure les cheveux. Comme ils sentaient bons. Ses lèvres bougent mais il n’y a pas de son. Le bruit du monde s’est éteint. Ne reste que le cœur et ses battements, fébrile espoir auquel s’accrocher. Se raccrocher. Avant de sombrer.
Les lèvres glissent dans le cou, s’attardent çà et là. Mais tout est très rapide. Il faut faire vite. Ne pas être vu. Ne pas être surpris. Museler l’enfant. Fermer la cage. Jeter la clé dans l’abîme. Comme ça. Comme rien.
Et enfin. L’abandonner. Être abandonnée. Se relever chancelante, honteuse et perdue. Se retrouver dans le noir. Courir vers la lumière. Traverser le couloir et plonger vers la sortie. Puis se retrouver dehors, seule. Prostrée. Coupée en deux. Corps inexistant. Esprit déconstruit. Et bientôt, très bientôt, savoir qu’il faudra y retourner.
Dehors il pleut mais son écho reste lointain pour la jeune fille. Dans la pénombre de sa chambre, les volets grands ouverts, elle espère que la violence de l’orage saura la cueillir et annihiler son âme. Elle compte jusqu’à trois et sa mémoire bascule. Elle voit la forêt, le loup et l’enfant. Il y a comme une odeur d’herbe coupée, de feu de bois et d’hôpital. Au toucher.. Non. Il n’y a pas de toucher. Pas d’étreinte. Pas de caresse. La conscience s’altère de nouveau et la mémoire s’éteint. Pour longtemps, très longtemps.
Se réveiller. Comme après un coma. Comme après un répit. Un oubli. Se réveiller en plein cauchemar. Vouloir s’en sortir. Apprendre à aimer. Retrouver la peur. Retrouver l’effroi. Fuir encore. Fuir toujours. Pourquoi la neige n’est-elle pas rouge ?
Revenir. Recommencer. Aimer encore. Aimer toujours. Plus que la mort. Plus que la vie. Plus que la peur. Et découvrir, se découvrir. Vouloir. Pouvoir. Créer à deux. Croire en l’autre. Lui offrir la clé oubliée et se donner entièrement. Dernière chance. Dernier espoir. Premier amour.
]]>Il tourne et lentement se pose, le temps d’un aller-retour ; le temps a tout pris des dérives et des jours. Mon cœur solitaire chevauchait dans le vent, mon âme perdue n’avait ni port ni attache. - Voilà où j’en suis, me disais-je, à errer dans un couloir sombre où la morsure du passé s’abat sur mon présent, où les chants des cantiques ne sont que des pleurs, où mon âme se meurt et mon corps agonise. Il n’y avait ni soleil ni étoiles, ni douceur ni chaleur. Il suffisait d’un pas pour trébucher, de deux pas pour s’écrouler. Et les plaintes incessantes de mes bras malheureux arrachaient à la nuit un soupir mélancolique. De la vie le sourire me paraissait étranger, beau et lointain, bon pour d’autres mais pas mien. Jusqu’à ce jour béni où transcendant mon univers, avec force et douceur tu m’apparus. Calme et souriant, ta chaleur apaisante su calmer le flot incessant des lamentations de mon cœur. Mes peurs s’évanouirent pour n’être plus que des fantômes qui ne hantent que mes cauchemars les plus enfouis. Car il me faut avouer une chose, et honnêtement l’admettre : ta main dans la mienne remplit mon monde de couleurs et les souvenirs douloureux s’écroulent puis disparaissent. Que tout s’évapore, je ne souhaite conserver qu’une image : celle de tes bras autour de miens, et ta voix résonnant dans mon âme me promettant qu’à jamais tu seras mien. Si aimer est une maladie, je ne veux ni remèdes ni calmants mais plutôt me perdre dans l’azur de tes yeux, m’échouer sur ta peau comme l’on s’échoue au rivage d’une île inconnue et merveilleuse. Ta personne est un trésor dont les richesses valent bien plus que l’or, ton regard est un cadeau, ton sourire ma lumière. Laisse-moi donc te rejoindre, sans ruse ni faux-semblants. Il n’y aura pas de menteries, il n’y aura pas de tromperies. Je te laisserai entrevoir ce cœur qui bat, cette âme nue. Et la pureté de mes envies se mêlera à la nuit, car enfin je serai tienne et enfin tu seras mien. Sache surtout que je t’aime, que sans toi je m’éteins.
]]>J’ai été sauvée par un ange que j’ai abandonné. Moi que je hais. Toi que j’aimais.
J’ai cru mentir en affirmant t’aimer mais je mentais dans mon mensonge présupposé. La vie est ainsi faite, chemin douloureux, sinueux, tortueux. Je me suis trompée mais je n’ai pas menti. Pas une minute, pas la moindre seconde. Aujourd’hui je fuis encore en prétextant affronter la réalité. Je m’agace mais je commence à comprendre. A me comprendre. Il était temps. J’ai peur de l’abandon bien plus que du noir. J’ai peur de la laideur et de l’oubli. Mais j’ai aussi peur de vaincre, comme si fendre mon ennemi allait me briser comme de la glace. Cette peur, je n’en veux plus. Je veux grandir et devenir belle, rayonnante, lumineuse.
Ce coeur que tu m’offres, laisse-moi enfin le prendre dans mes bras et le couvrir de mes baisers glacés. Le temps est long lorsque tu es loin et je meurs d’angoisse loin de ta présence. Je me suis enfuie, me voilà revenue. L’avenir me fait peur, mais le présent sans toi n’est que l’ombre amère d’un passé révolu. Laisse-moi donc pleurer à genoux, te supplier d’excuser mes mots. Mes maux. Tout ce qui empoisonne l’existence et qui doit être banni. Mon coeur, mon corps, je te les offre volontiers si tu me délivres de cette solitude atroce, de cette abominable déchirure à l’âme. Ainsi je te montrerai qu’il existe une chaleur, un souffle brûlant au fond de mon être qui sera toujours prêt à t’embrasser et à te chérir.
Je ne fuirai plus. Je te me cacherai plus. Je te laisserai enfin prendre ma main dans la tienne et nous avancerons toujours plus loin. Toujours ensemble.
La petite fille n’est plus triste car elle a rencontré le petit garçon qui l’attendait
Joy.
]]>Pleurer, oui. Pleurer quand les choses ne sont pas conformes à nos désirs. Pleurer quand nous ne sommes nous-même pas ce que nous désirons. Pleurer au cœur de la nuit, quand les espoirs se fondent dans la brume. La haine m’a rendue laide. Le temps m’a rendue vieille. Mes jambes ne me portent plus et je me traîne par-delà un monde qui me pousse vers l’abysse. Je ne suis, voyez-vous, que l’ombre pâle de l’enfant triste dont les traits se sont figés, fissurant l’espace vide alentour. Et ce cœur trop plein dont je ne peux me défaire. Il est lourd, il fait mal. Tellement mal. Il y du monde dedans. De bonnes personnes et de mauvaises. De l’allégresse et de la peine. Si le bonheur existe il doit s’y cacher, mais où donc ? Je ne le cherche plus car il file entre mes doigts à l’image de mon rire se perdant dans l’infini. Et le silence, toujours le même. Un cher ami, en somme, mais rien ne plus qu’un leurre. J’avance à reculons et la fin de toute chose ne sera en réalité que son commencement. Il n’est ni beau, ni doux d’aimer lorsque l’on est seul au milieu de la multitude, où les cris des autres résonnent sur votre moi, et le broient. Je ne veux plus sourire. Je ne veux plus rire. Je veux disparaître. Simplement, rapidement. Pour ne plus découvrir la vacuité des sentiments, ressentir cette morsure à l’âme, cette torture de l’esprit.
La petite fille lâcha la main du garçon et se perdit dans le néant.
]]>Tu me manques, oui. Chaque fois que je me lève et que je prends conscience de la réalité. Mon rêve se brise, mon cœur est vide. Je voudrais hurler et me cacher mais c’est le silence qui m’accueille. J’en viens presque à préférer ces cauchemars où tu m’apparais plutôt que cette parodie d’amour à demi gâché. La faute me revient, les sanglots m’étreignent chaque soir, chaque maudit soir avant de m’endormir. Le soleil se lève toujours de la même façon mais il ne brille plus du même éclat. Le temps se joue de moi, me rappelant à chaque instant combien il est dur d’exister à moitié. Je passe devant le miroir et c’est le reflet de ton sourire qui m’apparaît. Tout est froid, morne et triste dans mon regard. Mon image m’insupporte et me reviennent en mémoire ces jours où je lacérais ma chair et mutilais mon visage avec le maigre espoir de disparaître. Et tu n’es plus là. Mon sourire s’est figé le temps d’un soupir, son ombre ne signifie plus rien. Il déborde de souvenirs comme mon cœur déborde de sanglots. Ma tristesse s’est fondue dans mon rire. Voilà pourquoi il pleure encore. Toujours. Sans cesse.
Maintenant je sais papa. Je sais que tout meurt en l’absence d’amour.
]]>Et je finis par me rendre compte que tout ce dont j’avais besoin était cette illusion d’amour. Peut m’importait que les sentiments soient vrais ou faux du moment qu’ils étaient assez convainquant pour que j’y crois. C’était ce que je me disais lors de mes longues nuits d’insomnies pendant que la lune éclairait mon visage défait par les larmes. Le vent frais dans mes cheveux, ma peau frissonnante et mes pieds nus me donnaient cette impression grisante d’appartenance à un tout complexe et merveilleux. En somme je n’avais besoin de rien d’autre que mon stylo, du papier et la violence de mes envies. Aimer à moitié est frustrant, moi j’aimais entièrement. Mon corps, mon âme, je les offrais sans plus de doute à la félicité divine de l’instant présent. Le futur ne m’intéressait pas. Seul le plaisir immédiat rendait justice à ces pulsions ravageuses qui parcouraient mon être. Perdue dans un bonheur apparent, sa disparition me laissait froide et nue. Alors les larmes sur mes joues ne tarissaient plus et je comptais les heures pour ne pas dormir. C’était pourtant simple. Vivre et mourir chaque jour et chaque nuit. Se priver de sommeil, se priver de repos pour ne rien perdre du temps qui passe et n’attend pas. Rêver c’est se perdre dans ce qui fut, dans ce qui aurait pu être et dans ce qui ne sera probablement jamais. C’est inutile, vicieux et déchirant. Ça vous prend de l’intérieur et ça vous éviscère sans plus de considération. Alors que la vie… La vie est une multitude de morts pour une infinité de naissances. La vie est belle et cruelle, étrange ballet dans lequel la lumière éclaire l’ombre pour nous découvrir et nous redécouvrir sans cesse. C’est pour cela qu’un jour j’ai suivi cet homme, puis cet autre ; tous ceux qui avaient en eux cette fureur de vivre telle qu’elle les consumait entièrement dans le feu brûlant de leurs passions.
]]>Je pleurais dans le noir loin des regards inquisiteurs. Je me demandais, au fur et à mesure que passaient les minutes, si quelqu’un allait finir par remarquer mon absence. Mais le monde restait sourd à l’agonie déchirante qui s’était emparée de moi. Plus je suppliais, plus les mots mourraient sur mes lèvres. Le miroir me renvoyait l’image saisissante d’une beauté flétrie avant même d’avoir pu éclore.
Voilà, avait-il dit. Rien n’existe à l’infini, tout finit par se briser. Et toi, insignifiante et oubliée, salie et prostrée, tu demeures au milieu d’un monde qui te hait, suspendue au-dessus des flammes. Personne ne viendra te sauver et tout ce que tu toucheras finira par mourir. Aucune puissance salvatrice ne viendra te cueillir. Ta mémoire sera ton tombeau, fermée et dissimulée dans les tréfonds de ton âme. Les gens se battront pour exister à tes yeux et se consumer sur tes lèvres. Tu seras aimée et haïe. Celle qui prend et celle qui tue. Déchirée entre corps et esprit. Mutilée par la foule et hantée par le regard des gens absents. Telle sera ta destinée.
Personne ne savait à quel point j’étais malheureuse. J’ai porté ce fardeau tant d’années qu’un jour mon coeur a explosé et ses lambeaux se sont disséminés dans l’atmosphère. Les gens ont continué à aimer, rire et sourire comme si de rien n’était. Ils savaient et ils n’ont rien dit. Ce jour-là, j’ai compris que je serai seule toute ma vie et que je n’aimerai jamais plus.
]]>Je pensais que je n’aimerais jamais plus. Si je souris si souvent c’est parce qu’au fond je suis triste. Alors quand les autres sont heureux autour de moi, ça me donne envie de l’être aussi. Je ne suis peut-être pas très optimiste et je n’ai pas une grande estime pour ma personne mais je suis quelqu’un qui a une entière confiance en la vie. J’ai souvent été déçue, trahie ou abandonnée et pour cela je me méfie des sentiments et j’ai très peur de m’engager. Aussi je suis souvent incomprise et je dois certainement finir par blesser mon entourage sans le vouloir. Je voudrais m’excuser pour cela. Je voulais changer, être celle que l’on pourrait aimer. Je ne sais pas encore si l’on peut dire que j’ai échoué ou progressé. A présent, quand je repense à nos souvenirs, mon cœur se serre. Aujourd’hui il s’agit de tristesse et d’amertume, mais je pense que demain ce sera de la mélancolie. J’ai l’impression d’avoir grandi. Je ne suis peut-être pas la fille la plus aimable qui existe, ni la plus jolie, mais j’ai aimé de tout mon cœur et de toute mon âme. Ecrire ces mots m’apaise car ils sont la vérité que je ne peux exprimer à voix haute. Je parle beaucoup de futilités mais en ce qui concerne mes sentiments je ne suis pas très expressive. Il y a une raison à ça. J’ai souvent été victime des autres, ils se servaient de mes faiblesses pour me toucher. C’est pour cela que je ne dis jamais rien. Plus une personne en sait sur toi, plus elle est en mesure de te faire du mal. Voilà pourquoi chaque fois que je me confie, c’est un cadeau que j’offre. Ma confiance est dure à obtenir parce que c’est un concept auquel j’ai du mal à adhérer. Je pars toujours du principe que quoi qu’il arrive, tout le monde me trahira. C’est peut-être réducteur, mais c’est une chose qui s’est souvent confirmée. Je ne sais pas trop si je crois en les gens, mais parfois j’ai vraiment envie d’y croire. Je sais que je suis une personne compliquée mais j’ai des rêves simples. L’un d’eux serait de découvrir ce qu’est le bonheur. En attendant, je poursuis mon chemin. La route est sombre mais le soleil dans mon dos m’apaise et me réchauffe.
]]>
Une minute. Puis deux. Puis trois. Et soudain tout s’écroule et se meurt. Tout ment en ton absence. La vie me laisse un goût amer sur les lèvres, celui d’un passé qui me torture. Plus je me sermonne, plus je plonge dans cet abîme qui m’emprisonne. Je me suis toujours revendiquée solitaire mais la vérité est que la solitude m’insupporte. Ton regard pur m’a sauvé et je bénirai chaque jour futur ce cadeau du ciel. Tu es entré dans ma vie comme se lève le soleil, avec douceur et patience. Ton sourire m’a inondé de sa chaleur et ce regard tendre que tu poses toujours sur moi m’emplit de joie et d’espérance. Tu es celui que je n’attendais plus.
Je me souviens de ces nuits où, recroquevillée sur moi-même, je pleurais à chaudes larmes en tremblant. Je me rappelle ces crises d’angoisse violentes durant lesquelles je ne cessais de me répéter que je n’étais pas faite pour aimer. Mais surtout, mon souvenir se porte sur tous ces moments où l’on me répétait que je n’étais rien et que j’avais fini par croire. Je voudrais aujourd’hui crier à ces démons du passé qu’ils se leurraient. Qu’un rien pouvait se transformer en tout par une seule présence : la tienne.
Je passerai des heures à baiser tes lèvres et tes joues avec une infinie gratitude pour te remercier de m’avoir sauvé de l’enfer. Tu es mon héros, mon soleil. Les nuits qui m’effrayaient autrefois te sont désormais dédiées car ta présence sublime chacun de mes rêves. Je voudrais dans ces moments tenir ta main et qu’ensemble nous marchions vers les étoiles. Je voudrais te montrer que malgré la souillure je peux encore briller. Tel le phœnix renaissant de ses cendres, je redeviendrai pure, insouciante et innocente. Pour toi.
Je t’en prie, ne perds jamais cette noblesse d’âme que tu possèdes. Ne te laisse pas corrompre, n’abandonne pas. La vie vaut la peine que l’on se batte pour elle, et je ne laisserai personne détruire la tienne. Laisse ton passé devenir ta force, soit fier du chemin parcouru. N’oublie pas que je serai toujours là pour t’encourager, panser tes blessures et te donner tout l’amour qui te sera nécessaire pour avancer. La vie m’a offert ton visage et je le chérirai jusqu’à la fin des temps. Merci de m’avoir sortie du néant.
Je t’aime. ♥
]]>L’homme pleure. Ses larmes ont un goût de souvenir. Doux-amer. Dans la pénombre de sa chambre noire, il se souvient.
Elle était belle, l’insolente. D’une beauté incandescente et inconsciente. Apparue dans sa vie un matin d’automne. Disparue un soir d’été. Elle était libre et enchaînée, heureuse et malheureuse. Elle était ce genre de personne toujours gaie, aux yeux pétillants et au sourire ravageur. Combien l’avaient aimé avant lui ? Il préférait ne pas y songer. Du moment qu’il trouvait le moyen, le courage d’être le seul susceptible de compter. Mais elle était aussi d’une tristesse affligeante, mortifiante. Seule parmi la multitude, son âme meurtrie hurlait sa frustration en dépit des apparences. Qu’avait-elle donc, cette douce hirondelle ? Quel était ce mal qui meurtrissait ses nuits et assassinait ses rêves ? S’il l’avait su.. Peut-être alors aurait-elle été capable de l’aimer. Son secret serait devenu leur secret. Mais elle n’avait rien dit. Elle était revenue chaque jour, repartie chaque soir, avec ce même entrain, cette même chaleur. Hantée par de mystérieux et inaccessibles démons.
Et plus elle luttait contre elle-même, plus il l’aimait.
Elle était forte et fragile, tout et rien. Pour la définir pleinement il faudrait une multitude d’adjectifs antithétiques. Elle était ce gris tantôt clair comme un matin brumeux, tantôt sombre comme un printemps orageux. Tout cela le fascinait, lui, pauvre homme qui ne croyait plus en rien. Il avait suffi d’un jour, d’une présence, d’un regard pour que son univers bascule du tout au tout. Il était seul et voilà qu’ils étaient deux. Elle était tantôt là à écrire. Tantôt ici à rire. La voici qui trébuche, qui soupire, qui se baisse, qui l’observe, qui pense, qui parle, qui se tait. Même absente elle hante son univers de façon constante. Était-ce cela, l’amour ? Ou n’était-ce qu’une lubie passagère due à un isolement prolongé ? Les mois passaient et ce qui semblait n’être qu’une romance envolée se muait en une passion dévorante. Elle était là, vous comprenez. Si proche et si loin. Il lui suffisait de tendre le bras pour la toucher mais cela ne suffisait pas pour qu’elle lui appartienne. Attendre était inutile et douloureux. Il fallait agir. Mais comment diable peut-on posséder une poupée de glace aux yeux de feu ? Tout semblait écrit à l’avance, la chute était inéluctable. C’était trop d’amour, d’impatience, d’angoisse et de désir pour un seul homme.
L’assassin se meurt.
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