Le mouroir de Dolly.

Redemption.

jeudi 11 octobre 2012 à 16h38

Un rire. Comme un écho à un bonheur passé, révolu. Oublié. La mémoire danse au cœur de la nuit avec les ombres. Elle n’existe qu’avec les étoiles, morceaux d’espoirs dissimulés dans l’infini. Le soleil brille trop fort. Trop fort pour son âme décousue. La neige tombe encore et encore. Toujours plus dense. Toujours plus blanche.
La neige tombe sur ses souvenirs.
La fillette est morte trois ans après sa naissance. Née sous les feuilles de l’automne, morte sous la neige de l’hiver. Quand la dame disait « L’hiver et l’automne n’ont pu s’aimer. » , c’était vrai. Mais cette malédiction, à l’époque elle l’ignorait. Elle ignorait beaucoup de choses. Et elle se posait beaucoup de questions aussi. De drôles de questions sur l’existence, la vie et la mort.
Mourir, c’est vaste. Il y a mille et unes façons de mourir.
Puis il y avait Dieu aussi, à qui il fallait parfois rendre visite. Alors elle se rendait chez lui, dans sa grande maison pleine d’ornements et de décorations. Elle allumait un cierge et dans ses flammes, contemplait une grâce qui lui était étrangère et exquise. Beaucoup marchaient tête baissée. Priaient tête baissée. Pleuraient tête baissée. La fillette avait pris l’habitude de ne pas se conformer à cela. Elle était libre, vous comprenez. Malgré ses chaînes, malgré le sang, malgré tout. Devant Dieu, elle était libre.
Et la fillette grandit.
Elle cessa de croire à toutes ces inepties. Dieu, l’amour, le bonheur, ces choses n’étaient pas pour elle. Elle était trop différente de ces autres, enfermée dans sa cage de verre. Parfois, sans raison, elle se mettait à pleurer la nuit. Loin des regards extérieurs. Puis elle se maudissait, se frappait, se déchirait la peau et mordait ses lèvres si fort jusqu’à ne sentir plus rien, sortir de son corps et basculer dans un état second, une torpeur troublante.
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C’est cette enfant qui aujourd’hui vous offre ces quelques mots, ces ratures de sa demi-existence. Elle pleure encore parfois. Elle a peur, bien souvent. Mais elle a découvert une chose qui l’a sauvée. Une chose qui a relégué au second rang l’horreur, la souillure, le noir et même la mort, dieu et la beauté.
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Elle a appris à t’aimer.