Le mouroir de Dolly.

Conte de l'oubli

lundi 21 septembre 2015 à 22h27

Une minute de silence qui se transforme en jours, en semaines, en mois. Mon sourire est fendu et laisse apparaître la plaie qui parcoure mon être. Tristesse.

On croît parfois oublier et tout finit par ressurgir. On pense parfois se souvenir pour toujours et le temps estompe les gestes et les mots. La vie est un entre - deux perdu à mi-chemin entre déni de soi et désir du néant. Un vide béant dans l’âme permet de s’ôter toute sensation ou sentiment.

Il était une fois une enfant muette au milieu du chaos de sa jeunesse bafouée. Mutilée de l’intérieur, le sang s’échappe par tous les pores de sa peau et glisse, s’écrase sur le blanc immaculé. Elle voudrait courir, s’enfuir mais ses jambes ne la portent plus. Elle ne comprend pas, ne comprendra jamais. Par honte ou par crainte, son esprit se ferme, comme le cachet de cire brûlant sur le papier froid. Sur un corps coupé en deux, coupé du monde extérieur et de ses bruits qui la blessent.

Où aller désormais ? Vers qui trouver une main douce et réconfortante ?

Personne. Plus de contact, plus de sensations. Elle voudrait bien mourir mais n’est pas sûre de ce que cela signifie. Au moins elle serait loin. Elle n’aurait pas à retourner en enfer. Mais il faut lutter, il faut vivre. Maman ne le supporterait pas n’est-ce pas ? Maman ne doit jamais savoir.

Dix-sept ans d’agonie pour vingt ans de vie. Insomnie. Amnésie. Hérésie. Et cette fêlure ancrée comme pour figer à jamais la différence. Ce vitriol en lettres de sang sur le corps nu d’une enfant.