Le silence de la non-présence règne sur cette pièce dans laquelle je demeurais seule hier et demeurerai seule demain. Mais le pire peut-être est de savoir que tu es tout près et que tu ne viendras pas. J’admets avoir été naïve de croire promesses et belles paroles pour finalement être déçue. Oui, même toi tu m’as déçu. Fatiguée de mener, fatiguée de faire face seule à l’adversité, je ne demandais pourtant pas grand chose. Je voulais enfin être celle à qui l’on tient la main plutôt que celle qui tient. Celle qui compte d’abord plutôt que le deuxième choix. Est-il égoïste de vouloir être la première en tout et pour tout dans la vie d’une seule personne ? Je voulais que tu m’aimes assez pour connaître cela. Mais aujourd’hui, l’incertitude me ronge, la tristesse me submerge. Je suis seule, une fois de plus. Seule avec mon chagrin, mes cauchemars et mon amertume. Je voudrais crier, pleurer mais à quoi bon ? Tu n’es pas là. Pas plus que tu ne le seras demain. Tu évolues dans le monde qui est le tien au gré de tes plaisirs et de tes sentiments. As-tu seulement conscience de jouer avec les miens ? Je n’en peux plus de t’attendre, d’espérer que tu veuilles de moi autant que je veux de toi, que nous partagions, que nous voyagions. J’en ai assez d’attendre ce qui n’arrivera jamais. J’ai l’impression parfois de n’être que le pantin de tes envies. Aujourd’hui je suis vide et malgré cela les larmes sur mes joues ne tarissent pas. Sûrement ce mépris de moi-même revenant me hanter et me disant : "Tu vois qu’il ne fallait pas s’attacher ! Regarde, oui regarde-toi maintenant !".
Ridicule. Voilà ce que je suis. Tout donner, tout confier jusqu’aux secrets les plus enfouis et pour quoi ? Pour rien. Toujours seule avec les mêmes démons que l’on ignore, la même solitude qui ronge, la même angoisse qui tord le ventre et qui comprime les poumons. Je t’attendais mais tu n’es pas revenu. Tu reviendras mais t’attendrai-je encore ? Rien que l’idée de quitter ton monde me rend malade et pourtant y demeurer me rend malheureuse. Tes paroles résonnaient comme une promesse à laquelle je voulais croire. Aujourd’hui elles sont des cendres dans ma bouche, des larmes sur mes joues, un poids sur mon coeur.
Tu ne viendras pas. Tu ne viendras pas. Tu ne viendras pas.
Dis-moi quelle est ma place dans ton coeur ? Où puis-je me situer ? Tu dis que je suis la première mais tes gestes démentent tes paroles. Tu promets tout, tu ne donnes rien. Et moi je demeure, seule. Le jour. La nuit. Pour quelques kilomètres que tu ne franchiras pas. Pour un message que tu ne m’enverras pas.
J’ai mal. Mon passé me fait mal. Le sais-tu ? Mon présent me fait mal. L’ignores-tu ?
Je cours et je trébuche mais tes bras ne sont pas là pour m’accueillir. Je tombe et m’écorche les genoux comme avant. Je suis toujours Dolly, moins jeune mais toute aussi meurtrie. Les bras sont toujours des mirages, les bouches toujours des poisons sur lesquelles s’épanchent les paroles les plus douces et les plus belles. Celles qui viennent te cueillir au creux de l’âme et te tordent le coeur jusqu’à-ce qu’il n’en reste que des lambeaux et des cendres.