Le mouroir de Dolly.

L'amour dure trois ans.

jeudi 20 octobre 2016 à 12h06

Plus rien n’a de sens et le soleil a perdu toute emprise sur moi. Seule, toujours, je demeure. Je suis étrangère aux bruits extérieurs qui ne savent plus me blesser. Mon propre écho est le plus douloureux, le plus sensible. Je marche quelques instants quand subitement l’étau se referme sur ma gorge. Je suffoque, j’étouffe dans mon propre corps. Je suis mon propre ennemi, je voudrais sortir de cette chair qui me blesse, de toutes ces émotions négatives qui me tiraillent. Je me sens si seule. Je n’ai plus goût à rien, et vivre m’apparaît soudain comme un concept dénué de sens et de saveur. Pourtant cette fois, je crois que je pourrais m’en sortir si seulement tu posais les yeux sur moi. Mais tu me regardes sans me voir. Je ne suis plus qu’une ombre, le souvenir d’un bonheur passé. J’ai l’impression de vivre le début d’une rupture longue et douloureuse. Ne t’avais-je pas prévenu ? J’ai peur de l’abandon plus que de toute autre chose en ce monde. Et aujourd’hui, j’ai le sentiment que tu m’as abandonnée. La mélodie se rejoue sans cesse, les sanglots s’étrennent et c’est au moment où je pense que la parole va me sauver qu’elle m’enferme entre les murs de ton indifférence. Voilà, j’ai joué et j’ai perdu. J’ai goûté chaque promesse, chaque caresse, chaque mot doux. A présent, le destin me les reprend en se moquant de mes espérances vaines. "Regarde-toi, tu es pitoyable. Pas étonnant qu’il trouve le bonheur dans la fuite".

Je suis magie effondrée, les douze coups de minuits qui évaporent l’enchantement et révèlent les haillons. Je me sens si sale, si laide, si vide. Je retourne progressivement à cet état d’antan où je voulais disparaître. Mais la colère s’ajoute à présent à ma peine. Tu étais le seul à pouvoir me sauver et tu as ignoré mes cris. Comme eux, comme les autres. Et je saigne plus que jamais car je t’ai pourtant tout donné sans réserve. Tu connais mes plus grandes failles même si tu as toujours pris soin de ne jamais m’en parler. J’ai l’impression de te faire honte. Je voulais simplement que l’on se tienne la main pour toujours. Je voulais être la première. Je voulais être aimée mais je ne rencontre que le vide. Vais-je donc m’écrouler pour de bon ? La fuite m’obsède. Je voudrais partir loin et que pour une fois l’on vienne me chercher. Que la porte ne claque pas. Que je ne rencontre pas le mépris et l’indifférence coutumiers. Que je me mette réellement à compter pour quelqu’un.

Un jour ce sera ton tour de rentrer et de te retrouver face au vide. Il n’y aura plus de bruits, plus de rires ou de pleurs. Juste l’écho de tes pas dans le silence. Je ne t’attendrai plus.