Perdue. Nuage flottant dans l’horizon lointain à la recherche d’un lendemain. Je ne sais plus qui je suis ni où je vais. J’ai froid constamment, le soleil me fait frissonner lorsque ses rayons transpercent ma peau sans la toucher. Parfois, je pose ma main sur ma poitrine pour vérifier que mon coeur bat encore. Alors pourquoi, pourquoi ai-je cette impression d’être morte à l’intérieur ? Depuis des mois je respire sans vivre. Chaque pas me semble une épreuve, chaque lendemain un défi. Je pleure en silence au creux de mon âme, ma dernière amie. Ma meilleure ennemie. Où sont passés ces jours d’antan où le bonheur me submergeait ? Aujourd’hui les miroirs me renvoient le vide derrière des paupières trop lourdes. Je cours alors que mes genoux ne me portent plus. Je rampe, je m’écroule. Je suis absence. Je suis néant. Plus de souvenirs, un passé qui s’écroule et des lambeaux d’existence qui s’éparpillent. Je ne lis plus. Je n’écris plus. Mon existence est tournée vers un peut-être qui joue de sa demi-mesure pour me torturer. Chaque fois que je croise mon propre regard, j’ai envie de pleurer. Je ne reconnais plus cette inconnue qui me fixe de ses yeux sans âme. J’ai la sensation que, si je l’observe assez longtemps, elle finira par fondre et disparaître. Comme tous ces gens qui ont traversé son existence et ont disparu.
Depuis combien de temps es-tu parti ? Quelques mois, presque un an. Une éternité. J’ai perdu mes repères lorsque ton image est sortie de mon paysage. Aujourd’hui j’erre à la recherche d’une présence qui n’est plus. Tes caresses sont l’écho fantôme d’un passé merveilleux qui s’est évaporé. Me souvenir me fait mal alors je me réfugie dans mon amnésie, toujours présente, toujours fidèle. Le seras-tu ? M’attendras-tu ? Combien de temps encore m’aimeras-tu avant d’effacer mon visage de ton esprit ? Tant de questions qui me rongent alors que ton absence s’insinue partout, dans les moindres recoins de chaque pièce. A chaque retrouvaille tu ne cesses de m’échapper. Parfois il m’arrive d’avoir envie de tout arrêter. Lorsque la douleur me paralyse, que respirer devient douloureux, je voudrais faire une pause. Te dire que c’est fini. Que je ne tiendrai pas encore deux ans. Que je me sens si seule, abandonnée, perdue. Mais où irai-je sans toi ? Que ferai-je de mes bras ? Je t’aime si fort que je n’ai pas le courage de partir. Je ne veux pas partir. Rester et souffrir. Partir et souffrir. Il n’y a pas d’issue. Si seulement j’avais la certitude que toute cette peine sera récompensée. Que nous serons enfin réunis, pour de bon. Que tu tiendras ma main pour toujours. Mais je ne sais pas. J’ai peur, comme autrefois. Ne m’abandonne pas.