Le mouroir de Dolly.

Shame.

mardi 15 mai 2018 à 11h33

Le silence régnait en maître sur ma vie.

Le matin en me levant, il se faisait timide face à mes sens en éveil. Mais lentement, insidieusement, il s’insinuait partout jusqu’à déborder.

Mon coeur bat douloureusement dans ma poitrine et ma main est crispée autour du stylo qu’elle emploie. Se remettre à écrire après tant d’années est la preuve accablante de mon échec. Ceux qui s’en réjouiront n’auront pas compris que chaque mot se paye par la douleur et la souffrance. J’ai beau me battre contre mes démons, c’est moi-même qu’il me faut affronter à chaque fois. Et c’est insupportable.

Je crève de me mépriser, et de me haïr. Cela m’épuise aussi bien moralement que physiquement. Je rebascule dans ce shéma horrifique où je n’ai plus de désirs, plus d’envies, plus rien d’autre que ce besoin impérieux d’être sauvée. Alors je m’enferme toujours plus pour ne rien laisser paraître, et l’étau du silence se referme sur moi. Je ne le supporte plus.

Autrefois il me suffisait d’étouffer mes pleurs en silence avant de m’enfuir dans le monde des rêves pour que tout s’arrange. A présent, mes larmes s’accompagnent de spasmes et de tremblements violents et mes rêves sont morts. Ces épisodes qui ne duraient que quelques heures auparavant durent désormais des jours entiers, des semaines parfois. Je ne sais plus quoi faire.

Dans mes moments de "crise", je me sens tellement vide, tellement rien, que je serais capable de faire n’importe quoi pour me réveiller de ma torpeur. Je crains le jour où je ne saurai plus m’arrêter à temps.

Je suis fatiguée d’être mon propre fardeau, fatiguée de ces chaînes qui m’entravent. Je refuse de consulter car j’ai bien trop peur de mettre des mots sur ce qui m’étouffe. Je ne veux pas entendre que je suis malade. Je ne veux pas prendre de médicaments. Je ne veux pas me voir telle que je suis.

Dolly