Pleurer, oui. Pleurer quand les choses ne sont pas conformes à nos désirs. Pleurer quand nous ne sommes nous-même pas ce que nous désirons. Pleurer au cœur de la nuit, quand les espoirs se fondent dans la brume. La haine m’a rendue laide. Le temps m’a rendue vieille. Mes jambes ne me portent plus et je me traîne par-delà un monde qui me pousse vers l’abysse. Je ne suis, voyez-vous, que l’ombre pâle de l’enfant triste dont les traits se sont figés, fissurant l’espace vide alentour. Et ce cœur trop plein dont je ne peux me défaire. Il est lourd, il fait mal. Tellement mal. Il y du monde dedans. De bonnes personnes et de mauvaises. De l’allégresse et de la peine. Si le bonheur existe il doit s’y cacher, mais où donc ? Je ne le cherche plus car il file entre mes doigts à l’image de mon rire se perdant dans l’infini. Et le silence, toujours le même. Un cher ami, en somme, mais rien ne plus qu’un leurre. J’avance à reculons et la fin de toute chose ne sera en réalité que son commencement. Il n’est ni beau, ni doux d’aimer lorsque l’on est seul au milieu de la multitude, où les cris des autres résonnent sur votre moi, et le broient. Je ne veux plus sourire. Je ne veux plus rire. Je veux disparaître. Simplement, rapidement. Pour ne plus découvrir la vacuité des sentiments, ressentir cette morsure à l’âme, cette torture de l’esprit.
La petite fille lâcha la main du garçon et se perdit dans le néant.