Le mouroir de Dolly.

On the road.

vendredi 24 mai 2013 à 22h11

Et je finis par me rendre compte que tout ce dont j’avais besoin était cette illusion d’amour. Peut m’importait que les sentiments soient vrais ou faux du moment qu’ils étaient assez convainquant pour que j’y crois. C’était ce que je me disais lors de mes longues nuits d’insomnies pendant que la lune éclairait mon visage défait par les larmes. Le vent frais dans mes cheveux, ma peau frissonnante et mes pieds nus me donnaient cette impression grisante d’appartenance à un tout complexe et merveilleux. En somme je n’avais besoin de rien d’autre que mon stylo, du papier et la violence de mes envies. Aimer à moitié est frustrant, moi j’aimais entièrement. Mon corps, mon âme, je les offrais sans plus de doute à la félicité divine de l’instant présent. Le futur ne m’intéressait pas. Seul le plaisir immédiat rendait justice à ces pulsions ravageuses qui parcouraient mon être. Perdue dans un bonheur apparent, sa disparition me laissait froide et nue. Alors les larmes sur mes joues ne tarissaient plus et je comptais les heures pour ne pas dormir. C’était pourtant simple. Vivre et mourir chaque jour et chaque nuit. Se priver de sommeil, se priver de repos pour ne rien perdre du temps qui passe et n’attend pas. Rêver c’est se perdre dans ce qui fut, dans ce qui aurait pu être et dans ce qui ne sera probablement jamais. C’est inutile, vicieux et déchirant. Ça vous prend de l’intérieur et ça vous éviscère sans plus de considération. Alors que la vie… La vie est une multitude de morts pour une infinité de naissances. La vie est belle et cruelle, étrange ballet dans lequel la lumière éclaire l’ombre pour nous découvrir et nous redécouvrir sans cesse. C’est pour cela qu’un jour j’ai suivi cet homme, puis cet autre ; tous ceux qui avaient en eux cette fureur de vivre telle qu’elle les consumait entièrement dans le feu brûlant de leurs passions.